Pierre Deram, le poly-écrivain

Pierre Deram est un jeune écrivain, dont le premier roman, sobrement intitulé Djibouti, suit les trace du lieutenant Markus, légionnaire stationné dans la capitale de ce petit État-fortin, à la veille de son retour en France. Pierre Deram a accepté de se confier à l’équipe de Bab-el-Mandeb. Le fruit de cet entretien est publié ci-après, en guise de notice biographique.

Pourriez-vous brosser en quelques phrases votre parcours de vie, depuis votre enfance jusqu’à nos jours, en passant par vos études à l’École polytechnique?

Je suis né en 1989 dans le Pas-de-Calais où j’ai passé une enfance heureuse à la campagne. Après trois ans d’internat dans un lycée de la région, je suis parti à Versailles, chez les Jésuites, pour préparer les concours d’entrée aux grandes écoles. Je rentre en 2009 à l’école polytechnique et passe cette première année au sein de l’armée de terre, notamment à Djibouti, au 5ème RIAOM. Je m’oriente ensuite vers la science physique et commence à publier mes premiers textes. Je publie mon premier roman en 2015 et travaille en parallèle à l’institut de physique du globe à Paris.

Quand avez-vous développé votre goût pour la littérature? Quand votre ambition puis votre carrière d’écrivain ont-elles débuté?

J’ai commencé à lire sérieusement et à écrire à partir de ma vingtième année, juste après mon entrée à l’école polytechnique. La lecture à cette époque, est rapidement devenue la chose la plus importante de ma vie. J’ai senti presque en même temps que l’écriture m’ouvrait un champ d’expression, une possibilité de parole, de profondeur, de création absolument nouvelle pour moi. J’avais des choses à dire mais je ne savais, pour ainsi dire, pas écrire. Je me suis donc mis à travailler, à tordre la langue pour parvenir à exprimer exactement ce que j’avais dans la tête. Pour le reste, quand je me suis senti prêt, j’ai publié quelques textes dans la rue avant d’écrire mon premier roman. La romancière Isabelle Sorente a été la première à soutenir le texte, (nous avions eu, à plusieurs années d’intervalle, le même professeur à polytechnique ) et à l’introduire auprès des éditeurs.

Quels rapports entretenez-vous avec l’institution militaire au sens large, étant donnée votre qualité de polytechnicien? Avez-vous eu et avez-vous encore des engagements personnels auprès d’elle?

Je n’ai actuellement plus de liens avec cette institution. J’ai quitté l’armée en même temps que l’école, en 2013. Mes relations avec elle ont néanmoins toujours été bonnes. Il est vrai que j’ai longtemps rêvé d’une carrière sous les armes. Jusqu’à mes 18 ans, ma bibliothèque ne comportait que des manuels d’histoire militaire. Ce que j’y ai vu par la suite correspond assez bien avec ce que j’avais imaginé. Je rêvais surtout de voyage, d’opium, et de baroud. Je ne regrette rien. Je suis simplement passé à autre chose.

Pourriez-vous revenir sur votre parcours à l’international et vos séjours hors de France, plus particulièrement en Afrique et dans le monde arabe? Le goût de Djibouti vous est-il venu lors de vos voyages ou remontait-il à une connaissance antérieure de ce pays, insufflée peut-être par les ouvrages de Monfreid? Quelle relation entretenez-vous avec DJibouti, sa culture et ses habitants?

Je vais vous faire une confession: je n’avais jamais quitté la France avant de partir pour Djibouti. Je savais qu’à la fin de la formation militaire, il me faudrait choisir un régiment d’affectation, et je voulais partir à l’étranger, dans quelque chose de remuant. J’avais déjà vu des photos de bivouac dans le désert. Et puis Djibouti, c’était la mer rouge, l’Éthiopie, la Somalie, l’Érythrée. Ni Kessel, ni Monfreid, que je n’avais pas lu, n’ont eu besoin de venir à mon secours pour me donner envie d’aller là-bas.

Je suis parti un an plus tard au Cameroun pendant trois mois, pour les études. J’y ai découvert une tout autre Afrique, luxuriante, généreuse, avec de la végétation, de la musique, de l’effervescence. Mais je dois avouer que je n’ai jamais pu oublier Djibouti, les marches dans le désert, les oueds, le ciel crevé d’étoiles, la longue rue d’Éthiopie, le marché des mouches, les nomades, le muezzin, la chaleur, la droiture et la finesse des corps. Tous ceux qui sont passés par ce pays, en sont restés, je crois, très marqués. C’est une région du monde très importante. J’espère qu’elle continuera d’attirer les rêveurs et les poètes. J’y retournerai un jour, peut-être, dans un cadre différent. Mais le Djibouti de mes 20 ans restera toujours à part. C’est un trésor inépuisable que personne ne pourra jamais me voler. Il me suffit d’entrouvrir le couvercle, et la lumière jaillit à nouveau, intacte.


Retrouvez ci-dessous l’ensemble des ouvrages publiés par Pierre Deram :